En tant que coach, on me pose souvent sur la question de la rémunération.
C’est un sujet complexe qui dépend de nombreux facteurs : le type de groupe, sa notoriété, le lieu de la prestation…
Mais aussi la législation : le salaire minimum légal, la question du bénévolat et de la responsabilités vis à vis des assurances.
Il est donc important de bien comprendre les enjeux de la rémunération pour chaque type d’acteur : musiciens et diffuseurs.
Commençons par un « état des lieux » :
Les Musiciens
Il y a deux catégories de musiciens :
Les amateurs, pour lesquels la musique n’est pas la principale source de revenus.
Les professionnels, pour lesquels la musique est la principale source de revenus.
mais aussi :
Les musiciens qui ne jouent que des reprises. Les musiciens qui proposent un répertoire de compositions.
Les diffuseurs
Il y a deux types de diffuseurs :
Ceux dont la diffusion de spectacle n’est pas l’activité principale (ex : les bars et restaurants).
Ceux dont l’activité principale est la diffusion de spectacle (ex : les salles de musiques actuelles et les festivals).
Quelques constats :
Les musiciens amateurs sont souvent prêts à jouer à n’importe quel prix, voire même gratuitement.
Les musiciens professionnels ont besoin d’exercer leur activité dans le cadre légal, avec une fiche de paie.
Les lieux de diffusion occasionnelle ont souvent pour principal objectif d’attirer de la clientèle pour faire « travailler le bar ». La capacité du groupe à ramener des clients est alors le principal critère de programmation.
Ce qui explique sans doute la prolifération de groupes « festifs » ! 🙂
Les lieux de spectacles, qui devraient assumer une couleur de programmation, se retrouvent de plus en plus souvent dans la même logique de rentabilité que les bars.
Et ce, même pour des lieux labellisés et subventionnés (mais c’est un autre sujet ! )
Ce qui explique sans doute la prolifération de groupes « tribute », plus facile à assumer pour une salle de musiques actuelles que de la « simple » reprise. 😉
Enfin notons que, si on prend tous les types de groupes et tous les diffuseurs, il y a beaucoup plus de groupes que de possibilité de diffusion.
Nous sommes donc dans un secteur très concurrentiel où les diffuseurs sont en « position de force ». Rapport entre l’offre (les groupes) et la demande (les diffuseurs) en défaveur des musiciens.
Les problématiques
De par les conditions qu’ils sont prêts à accepter les groupes amateurs exercent une concurrence déloyale envers les groupes professionnels.
Les salles de musique actuelles ne programment que très peu de groupes locaux, excepté pour des tremplins, scènes ouvertes ou de rares premières parties, donc des concerts le plus souvent non rémunérés. Ce qui oblige, les groupes qui proposent un répertoire original à démarcher les mêmes lieux que les groupes de reprises.
Les bars programment rarement sur un critère artistique mais sur un rapport coût-recette. Et si on retrouve de plus en plus la même logique chez les programmateurs de salles de musique actuelles.
Que dit la législation ?
Les groupes amateurs, donc non rémunérés, ne peuvent pas jouer dans des lieux qui ont une activité commerciale ou s’il y a une billetterie.
Ils ne peuvent jouer bénévolement que pour des manifestations associatives à but non lucratif ou caritatif.
Les concerts de sortie de résidence dans les salles, doivent être rémunérés.
D’autant plus lorsque la « résidence » n’a été qu’une simple mise à disposition d’espace. Il s’agit alors de troc !
Si le concert fait partie d’un parcours pédagogique, il ne peut y avoir de billetterie.
S’il y a activité commerciale ou billetterie, les musiciens sont toujours présumés salariés.
Soit directement par le lieu, soit par une structure (associative ou non) qui vend le spectacle au lieu et assume donc les obligations et la responsabilité d’employeur.
Donc, si une association facture la prestation, elle doit assumer les obligations légales de l’employeur et engage sa responsabilité (donc celle de son bureau) en cas d’accident (ex : une enceinte tombe et blesse un client du bar).
Ce « système » de facturation permet juste de protéger le lieu qui se retournera contre l’association en cas de problème, tant d’un point de vue comptable que vis à vis des assurances.
(Il est donc à noter qu’il est moins risqué pour les musiciens de jouer « au black » plutôt que de facturer par l’intermédiaire de leur association en dessous des minimums légaux.)
Donc, combien ?
Actuellement, le minimum légal pour un cachet est d’un peu moins de 200 € de budget ce qui donne un cachet net d’un peu moins de 100 € par personne.
Une facture d’association ne peut donc être inférieure à 200 € par personne !
Charge ensuite à l’association de reverser les salaires, et cotisations sociales.
A moins que tous les musiciens soient adhérents et que le concert serve l’objet de l’association (assez rare dans un bar !).
Enfin, il est complètement illégal de facturer une prestation musicale sous le régime de l’auto-entreprise. Légalement un musicien ne peut être que salarié.
Il s’agit là encore d’une concurrence déloyale, de part l’écart entre les cotisations Urssaf d’un auto-employeur et les cotisations sociales d’un salarié.
Concurrence doublement déloyale lorsqu’un auto-entrepreneur facture à un montant inférieur au minimum légal de 200 € / personne !
Pour conclure
Il serait souhaitable que :
Les lieux de musiques actuelles programment (et rémunèrent !) les groupes à compositions.
Les diffuseurs occasionnels acceptent de rémunérer les groupes en respectant le droit du travail et en assumant leur responsabilité d’employeur.
Les musiciens amateurs ne fassent plus de concurrence déloyale, en « association » ou en auto-entreprise (l’accepteraient-ils sur leur profession ?).
Et que, toutes et tous, respectent la législation…
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l’auto-entreprise pour un musicien est illegale car il faudrait qu’en tant qu’auto entrepreneur il possède la licence d’entrepreneur de spectacle cat 2. Ce qui est impossible en tant qu’auto entrepreneur.
Être amateur n’est pas un statut professionnel mais plus pour les gens qui font ça pour le plaisir. Ce n’est pas une concurrence. Par contre, le black c’est du travail dissimulé et en association, c’est du travail caché. Les professionnels qui ne font que ça pour vivre , peu importe sa clientèle du type mariages, concerts, festivals… il y aura toujours les amateurs qui eux, ont un emploi en cdi , nous piquent nos emplois. Ceci est considéré comme de la concurrence déloyale. Ils (les amateurs) jouent dans des prestations dont les mariages, fête du village. Comment voulez-vous qu’on gagne notre vie ? Je suis pianiste et guitariste depuis 1985. Un amateur n’a pas les mêmes ambitions qu’un professionnel à.
Alexis
Un papier très juste. En tant que musicien amateur, faisant de la compo, rock, et pas festif , je suis 100% d’accord avec le constat.
J’ai un groupe de hardcore. Avoir 100 euros pour une soirée c’est déjà énorme. Maintenant les bars donnent plus grand chose. Donc on fait payer les entrées, ce qui implique moins de gens etc.. et après les gens se plaignent qu’il n’y a plus de groupes de rock… Ce n’est plus rentable de faire du live, pour rentrer dans ses frais il faut vendre son merch (t shirts etc). Mais on joue pour la passion avant tout il faut le dire.
IIl suffirait simplement que les contrôleurs Urssaf fassent leur travail: controler le personnel du bar mais aussi les musiciens!
Les contrôleurs URSSAF comme ceux de l’inspection du travail sont en voie de disparition…
1500 à l’urssaf, 1867 à l’inspection du travail…