Dans le monde des musiques dites actuelles le coaching scénique est devenu très tendance.
Tous les groupes veulent leur résidence de coaching scénique même si c’est rarement leur besoin prioritaire.
C’est trop souvent une perte de temps quand ce n’est pas carrément contre-productif !
Sur les 350 groupes accompagnés à FGO-Barbara entre 2008 et 2016, 100% des groupes étaient demandeurs d’une résidence scénique à court terme, et 95 % n’étaient pas suffisamment prêts pour que cela leur soit bénéfique.
Il y a trois risques à faire une résidence de coaching scénique au mauvais moment.
1er risque : se tromper de sujet.
On peut identifier 6 étapes entre l’écriture et la scène.
Le coaching en résidence scénique n’a pas de sens avant la sixième étape !
Si le groupe a fait l’impasse sur une ou plusieurs des 5 premières étapes le coaching scénique ne pourra rien y faire. Bien au contraire !
Combien de groupes ai-je vu, passer du temps à essayer de trouver sur un plateau ce qu’ils n’avaient pas su trouver en studio de répétition : leur son.
Comme si une façade et des retours allaient leur apporter la solution !
Travailler sur une mise en espace et-ou des lumières tant que l’identité sonore du groupe n’est pas clairement définie, partagée et assumée me semble être un non-sens.
2ème risque : ne pas prendre le temps d’essayer.
La résidence de coaching scénique est un moment assez rare dans la vie du groupe. Il faut trouver un lieu et un bon coach.
De fait, il y a un risque pour le groupe de se focaliser sur un objectif de résultat. Ce que j’appellerai « la pression du produit fini ».
Généralement les résidences avec coaching scénique se déroule sur une ou plusieurs journées consécutives.
Ce format induit une « pression du résultat » sur le filage de fin de résidence, d’autant plus s’il se transforme en show-case avec invités. Pression encore plus importante si un concert public est prévu en fin de résidence (très mauvaise idée !).
Le risque est alors que le groupe subisse la pression de l’horloge et ne s’autorise pas à essayer, se tromper, douter, expérimenter et qu’il valide un peu trop vite les propositions du coach, qui devient alors, de fait, directeur artistique (d’où l’importance de bien le choisir et qu’il soit clair sur sa posture).
Comment prendre le temps d’essayer plusieurs plans de scène, s’il faut être prêt pour un concert trois jours plus tard ?
L’idéal étant de caler une résidence scénique, sans concert de restitution et sans qu’une date ne soit prévue dans les jours à suivre.
3ème risque : la frustration.
Risque que le groupe se fasse plaisir à travailler un ou plusieurs jours sur une belle scène, bien équipée, pour ensuite aller faire des dates dans de petits lieux (bars ou clubs).
Lieux présentant des problématiques qui n’auront pu être abordées sur scène : batterie repiquée avec deux micros ou juste un dans la grosses caisse, amplis non repiqués devant faire office de façade…etc
Combien de groupe ont pu, en résidence scénique, prendre du temps de faire une belle balance plateau, travailler sur des lumières et de la vidéo pour se retrouver ensuite à jouer dans des lieux où rien de ce qui avait été travaillé n’était possible.
Frustrant !
Conclusion
Avant d’envisager un coaching scénique, assurez vous :
- de ne pas avoir sauté d’étape dans le travail en amont
- que votre actualité vous permette d’être vraiment disponibles pour ce temps de travail
- que vos dates à venir aient lieu dans des conditions vous permettant de mettre en pratique ce que vous aurez travaillé
Rappel : vous n’avez pas besoin de coaching scénique pour travailler :
- les intentions de jeux
- la set-list et les prises de parole
- les arrangements
- le plan de scène
- la voix, et l’interprétation du texte
- le son du groupe
Tout cela se travaille sur votre lieu de répétition (on en parle ici )
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