Avec le réglage de la balance, la set-list est le deuxième point que j’aborde dans 99 % des accompagnements.
Une bonne set-list est un élément essentiel à la bonne réussite de votre concert.
Pourtant, la plupart des groupes que je rencontre, n’ont aucune méthode pour élaborer leur set-list.
Pire, il n’est pas rare qu’ils en changent d’un concert à l’autre, pour un même répertoire !
Or, avec de la méthode il est facile de trouver la set-list parfaite pour votre répertoire et, bonne nouvelle, il n’y en a qu’une.
Une bonne set-list, pourquoi ?
Contrôler la dynamique de votre set, afin de le rendre plus dense.
Eviter les temps morts entre les titres, avec le risque de remplir ce vide par des prises de paroles inutiles du type : « Ça va ? », « Approchez-vous ! » ou autre « Faites du bruit ! » (liste non exhaustive 😉 )
Maintenir l’attention du public, par la maîtrise des nuances, changements d’intentions et effets de surprise.
Mettre un titre particulièrement en valeur, par le choix du titre qui le précède.
Gérer votre énergie tout au long du concert et vous permettre de vous connecter à l’émotion juste sur chaque titre.
Gérer les contraintes techniques : matérielles (ex : changement d’instrument ou d’accordage..), ou d’organisation, vous obligeant à adapter votre set-list en fonction de la durée du concert.
Les avantages d’une set-list fixe ?
Le fait de jouer toujours la même set-list, va vous permettre de rester en terrain connu et de gérer plus facilement les imprévus de dernière minute et le stress qu’ils peuvent générer.
Ce qui est rassurant en cas de conditions difficiles (techniques, trac, fatigue…)
Affiner l’aspect technique du set
Une set-list fixe va permettre aux techniciens son et lumière de prendre leurs repères et d’affiner leur travail sur le set au fil des concerts.
Etre assurés de faire une première bonne impression
En soignant particulièrement le début du set.
A ce propos il n’est pas rare que des professionnels invités, ne restent que les vingt premières minutes d’un concert.
Principes de la méthode
Votre set-list va devoir tenir compte de toutes les dimensions : techniques, narratives, émotionnelles, musicales (tonalités, grooves…).
Cette méthode s’appuie sur trois principes :
- L’importance de soigner le début du set, faire une première bonne impression dès le premier contact avec le public, alors qu’il est complètement disponible et attentif
- L’importance de soigner la fin du concert, la sensation avec laquelle le public va repartir
- Entre les deux, gérer la dynamique du set afin qu’il n’y ait pas de temps mort et risque que le public ne décroche.
Il s’agit d’envisager votre set dans sa globalité :
- Entrée sur scène (et-ou premiers sons, si le son commence avant l’entrée en scène) -> Enchainement des titres (en tenant compte de ce qu’il se passe entre) ->
Sortie de scène (et-ou derniers sons)
- La plupart des groupes n’envisage la set-list que comme une succession de titres.
Or il me semble important d’insister sur le fait qu’elle va aussi, et surtout, vous permettre de gérer tout ce qu’il se passe entre les titres.
- Et c’est souvent le point faible des groupes qui n’ont pas pris le temps de vraiment réfléchir leur set-list : ce qu’il se passe entre les titres.
Méthode
Dans un premier temps vous allez devoir choisir, l’un après l’autre, les six titres les plus forts de votre répertoire, plus un septième.
Ces six titres seront joués au début (les trois premiers) et à la fin (les trois derniers) de votre set.
Pour la fin du set je préconise un crescendo en intensité pour arriver au tout dernier titre qui doit être ressenti comme une apothéose.
Parmi ces sept titres, vous allez choisir le premier titre du set.
Ce premier titre est assez délicat, c’est votre tout premier contact avec le public, pour autant il peut être sacrifié pour des questions techniques (raccords de balance) et-ou de trac.
En cas de désaccord entre les membres du groupe, je donne la priorité au chanteur. Le trac pouvant avoir beaucoup d’incidence sur la voix, il est primordial que ce premier titre soit très « confort » pour le chant.
Une fois le premier titre choisi, vous allez choisir le dernier titre puis les deux ou trois titres le précédant afin de préparer la montée d’intensité de fin de set.
Puis vous allez revenir au début du set pour choisir les titres 2 et 3.
En fonction de la longueur de votre set, le fait d’avoir regroupé les titres les plus forts de votre répertoire au début et à la fin de votre set peut créer un effet « tunnel mou» au milieu.
Vous pouvez atténuer cet effet en y insérant le septième titre que vous avez sélectionné dans votre premier choix.
Sur un répertoire de 12 titres, il vous restera donc 5 titres pour faire le lien entre le 3ème et le 7ème puis entre le 7ème et le 10ème.
Pour affiner
Toujours dans l’objectif d’éviter tout sentiment de monotonie, pensez à vérifier, l’enchainement des tonalités et des grooves.
Sur ce dernier point, la plupart des coachs vous conseillerons de prendre garde au tempos (je n’aime pas « tempi » 😉 ), pour ma part, il me semble beaucoup plus important d’être vigilant sur l’enchainement des grooves.
En effet si deux titres s’enchainent au même tempo mais avec un groove différent, le public sentira moins d’effet de répétition que deux titres à un tempo différent mais avec le même type de groove.
Pensez également à bien intégrer les contraintes techniques :
- changement d’instruments.
- changement d’accordage ou pose de capodastre pour les guitaristes
- changement de costume et-ou utilisation d’accessoire (ex : tabouret pour un titre assis)
Le moment d’un changement d’instrument et-ou d’accordage peut-être judicieux pour une prise de parole, afin qu’il n’y ait pas de temps mort.
Les prises de parole (!)
A propos des prises de parole : il n’y a aucune obligation à parler au public ! Surtout si vous n’avez rien à dire !
A ce sujet j’ai l’habitude de citer Lao Tseu qui a dit : « Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence… Tais toi ! » .
Et à moins qu’elles ne soient extrêmement pertinentes et-ou apportent un élément artistique (ex : narratif), sur un set de 45 minutes à une heure, 3 à 4 prises de parole me semble être un maximum.
A noter que, si elle est judicieuse la prise de parole peut être un moyen de reprendre l’attention du public en présentant un titre.
Pour conclure
Je n’ai pu ici que présenter les grandes lignes d’une méthode qui demande généralement entre une et deux heures de réflexion collective et, généralement, quelques ajustements après un premier filage.
A noter qu’il n’est pas rare que des titres soient intervertis entre le groupe de tête et le groupe de fin de set.
A noter également que cette méthode comporte plusieurs avantages non négligeables :
- Vous êtes sûrs de l’efficacité de votre début et de votre fin de concert.
- Si vous devez jouer un set plus court, il vous suffit d’enlever les titres du milieu tout en conservant le même début et la même fin de concert.Par exemple en gardant les titres 1, 2, 3 et en passant directement au 3 ou 4 derniers titres du set.
- Quand vous intégrez un nouveau titre, plus fragile, ou un titre moins facile d’accès, il vous suffit de le mettre en milieu de set.
Attention, en appliquant cette méthode il est probable que cela modifie complètement votre set-list habituelle (si vous en avez une !).
Même si vous pensez « c’était mieux avant » et-ou que la nouvelle set-list vous paraît incohérente, je vous invite à jouer le jeu et vous laisser surprendre !
J’ai vu de nombreux groupes redécouvrir leur répertoire et une fraicheur dans leur interprétation uniquement après avoir appliqué cette méthode et élaboré une nouvelle set-list.
Je suis en attente de vos retours, après essai …
Bon concert !
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